Single Page Application, Progressive Web Apps, Accelerated Mobile Page… Nicolas Benoist, directeur technique de USERADGENTS fait le point sur les dernières technologies du web mobile, un environnement complémentaire des applications sur les smartphones.
SPA, PWA, AMP… on assiste depuis plusieurs années au renouveau du web mobile, comment l’expliquer ?
NB – Les applications natives ont placé la barre très haut, en proposant des expériences utilisateurs longtemps impossibles à obtenir avec un simple navigateur web. De fait, près de 90% du temps passé sur un mobile se fait désormais dans des applications. Mais l’arrivée de connexions haut débit mobile comme la 4G, et surtout l’apparition de smartphones aussi puissants que des ordinateurs, permettent effectivement de réinventer le web avec de nouvelles technologies.
Mais du coup, sur laquelle de ces technologies faut-il miser ?
NB – La grande nouveauté ce sont effectivement les SPA, les « Single Page Applications », qui s’éloignent du traditionnel modèle client-serveur au profit d’un fonctionnement côté client qui s’apparente à celui d’une application. Concrètement le mobinaute télécharge une page HTML et un javascript unique qui vont appeler des API pour afficher d’autres contenus. C’est une architecture informatique familière pour les entreprises disposant d’une application mais qui peut surprendre une organisation qui n’utilise pas d’API. Il existe différents frameworks javascript pour développer une SPA : Vue.js, poussé par les éditeurs chinois, React.js, lancé par Facebook ou encore Angular.js, qui bénéficie du soutien de Google.
Google parie d’ailleurs sur un cas particulier de SPA, baptisée « Progressive Web App », qui va encore plus loin puisqu’elle permet de gérer « progressivement » le téléchargement de données de gérer un mode offline, d’envoyer des notifications sur le navigateur ou encore d’être automatiquement ajoutée à l’écran d’accueil de son smartphone à la manière d’une application. Si les PWA fonctionnent bien sur Chrome, elles ont longtemps été snobées par Apple qui vient tout juste d’ajouter les services Workers sur iOS 12 et qui refuse toujours d’autoriser les notifications dans Safari mobile.
Après la mode des sites “responsive” (URL unique, code unique), faut-il craindre un retour aux codes web spécifiques pour les mobiles ? C’est ce qui se passe avec AMP…
NB – AMP n’est pas à proprement parler une technologie de programmation mais plutôt un langage de description de page, dérivé du HTML, et qui bénéficie du soutien actif de Google. Les médias qui l’adoptent peuvent bénéficier du cache de Google et d’une mise en-avant sur son moteur de recherche mais en back-office, le CMS est bien souvent le même.
Même si certains projets exigent parfois un code spécifique au mobile, l’écrasante majorité des projets est désormais « responsive » avec une même URL et un code unique. Et pour les entreprises qui utilisent des API, les technologies SPA et PWA ne se limitent d’ailleurs pas au mobile et contribuent également à fluidifier l’expérience utilisateur sur desktop.
Pour un développeur web, quels doivent être les critères de performance à suivre ?
NB – Il y a des critères classiques tels que la compatibilité avec le plus grand nombre de navigateurs ou de tailles d’écrans, la fluidité de l’interface ou encore le poids des pages.
Dans son nouvel index « Mobile First », Google est d’ailleurs très attentif à la vitesse de chargement ce qui est une bonne chose, sur mobile comme sur desktop.
Ces sites web de nouvelle génération pourront-ils rivaliser avec les applications ?
NB – C’est peut être l’ambition de Google sur Android mais je ne pense pas que cela soit la volonté d’Apple, qui donne plutôt la priorité aux applications, et qui cherche d’ailleurs plutôt à faire converger iOS et MacOS.
Le web est plus facile à découvrir mais correspond à un usage ponctuel. Les applications doivent être téléchargées mais sont idéales pour un usage plus récurrent. Ces deux interfaces répondent à des besoins différents et resteront encore longtemps complémentaires.